Le Bois de Vincennes (N. Sarafian) / Mon âme en exil (Z. Essayan)
Ivan Konstantinovitch Aïvazovski, Vue de Constantinople au clair de lune, 1846
Le Bois de Vincennes est ensorceleur. Les arbres sont des sorcières quelquefois. Des magiciens aux cruels masques de bois. Des démons qui sifflent dans les nuits d’hiver. Des gitanes diseuses de bonne aventure. D’une feuille un esprit se révèle. Et perturbateur, le bois devient un chaos sous le soleil. Toute l’étendue vibre de bruissements métalliques qui se font écho. Un éboulement se propage. Un courant magnétique passe. Le sol tremble comme un nègre en transe. Un des esprits jette une pièce d’or. Et le marron d’Inde qui roule, rebondit et éclate, laisse échapper de la blancheur de son écorce verte une châtaigne brillante qui jette le regard en biais d’un cheval fou. Les feuilles mortes se soulèvent et s’enfuient avec des ondoiements de robes à traîne. Un esprit indistinct souffre au fond d’un ruisseau cireux, dans lequel s’enfoncent les raies de lumière, comme les aiguilles d’une sorcière. Et un oiseau piaille, piaille, effrayé. Un autre gémit, un troisième se lamente. On entend la plainte d’une femme enceinte. Et lorsque tout se tait, que l’agitation cesse, d’un bout à l’autre du bois s’élève une musique céleste. Il naît un enfant. Des branches coule l’huile des bienfaits. Les arbres deviennent des mages chargés de trésors. Des agneaux. Le Bois de Vincennes est ensorceleur.
« Le Bois de Vincennes est ensorceleur » : la phrase reviendra tout au long de la prose poétique envoûtante et langoureuse publiée en 1947 à Paris mais hélas bien trop peu lue et commentée aujourd’hui. Né à Varna en 1902, Sarafian fait partie de ces jeunes exilés d’Arménie arrivés en France dans les années 1920 quelques années après le génocide et désireux d’ancrer le déracinement dans la littérature arménienne : elle sera désormais diasporique et portée par quelques grandes capitales de l’exil arménien, Alep, Beyrouth et Paris. En 1931 Sarafian animera avec Vorpouni, Chahnour et Nartouni le cercle littéraire Mènk [Nous] et écrira plusieurs recueils de poésie malheureusement non traduits, comme La Conquête d’un espace (1927), Flux et Reflux (1939) ou encore Méditerranée (1970).
Coulé dans une écriture circulaire, le court texte de Sarafian fait de la déambulation dans le bois de Vincennes le motif d’une promenade imaginaire dans son enfance et sa vie errante, cerclée par les limites incertaines du bois et réitérée au fil des saisons : « Une autre étendue encore. En friche, celle-là. Un terrain d’aviation à l’abandon. Une mer de boue après chaque pluie, d’où quelquefois des enfants lancent leur petit planeur. A peine s’élèvent-ils qu’ils retombent, comme mes enthousiasmes. Mais au bout de cette étendue jusqu’où porte le regard, le bois prend soudain la grandeur d’une montagne dans les nuées. Un Ararat qui me regarde. » Hypnotique, la prose est aussi intensément rythmique à la manière des invocations. Il n’est pas anodin que le narrateur engage une sorte de dialogue révolté avec la tradition liturgique, en particulier avec le Narek. Le Livre des lamentations du poète et mystique Grégoire de Narek (Xe siècle) avait fait l’objet d’une ferveur religieuse et populaire dès le XIe siècle au point qu’il constitue aujourd’hui une sorte de livre sacré pour les Arméniens. Le texte navigue ainsi entre deux traditions : l’Arménie rêvée, celle de l’enfance auprès d’une famille soudée par la foi religieuse, et la France qui s’inscrit dans la page par des références plus ou moins codées à sa littérature. Bien que cette prose soit celle d’un exilé, elle est aussi étrangement pétrie de littérature française, de Baudelaire (à travers le souvenir des correspondances synesthésiques) à Apollinaire en passant par Rousseau et Nerval. L’écriture portée vers un lyrisme rageur et désespéré à la fois doit sans doute un peu aussi aux traditions romantique et surtout symboliste. La promenade dans un bois qui « s’étend de la Marne au Don et même plus bas, couvrant aussi une grande partie de la mer Noire » anime magnifiquement la nature et ses branches qu’on croirait être des bras suppliants, pleurant la terre perdue :
En été, le crépuscule est beau dans cette partie sauvage du bois ; là où la terre se creuse entre deux vagues vertes. L’eau s’écoule. Les vagues glissent. Des têtes transparentes de serpents, souples et cristallines, aux lumières du couchant. L’eau du bassin s’élève et redescend telle une poitrine, unissant en elle le miroir du ciel et les images des arbres alentour. Des larves s’agitent, frémissent sous l’écume. Sur la rive, une feuille de l’automne passé regarde, couleur de cendre, fine comme la dentelle de soie d’une femme. Élimée sous les doigts du temps, par la neige et la pluie, réduite à la trame de ses veines. Une beauté.
Les cimes des hauts cyprès se touchent, tête contre tête. Le silence est une biche dans leurs bras. Ici, l’amour est sacré, il a la fraîcheur d’une miniature persane. il y a la présence d’une jeune fille apparue et disparue sous ces branches, d’une jeune fille qui a rejoint celles qui sont passées, porteuses d’une promesse : créer un ciel où elles m’auraient reçu, aurait-on dit, après ma mort.
Les arbres séparés par un ruisseau sont face à face comme dans une procession nuptiale. Ils attendent. Ils portent des soies de couleur. Le vert pâle domine comme un appel. C’est l’époux royal. De temps à autre, il jette sa bride lumineuse à la princesse des Alains sur la rive d’en face ; le coeur de la princesse palpite et ses cheveux luisent couleur de miel. Il tombe une pluie de perles, d’émeraudes et de diamants. Les feuilles sont diaphanes, simples et fraîches. Certaines ont la couleur brillante des plumes de paon. D’autres sont d’un violet foncé et douces comme des mûres noires. D’autres encore passées au henné. Il y en a qui sont d’argent, et qui frémissent entre le ciel et la terre, tenues par des fils de lumière. D’autres tremblent comme des gorges de colombes. Il y en a qui bourdonnent, qui vibrent comme des ailes de papillons. Et lorsque le ciel rougeoie derrière, et que le soleil, ce Bouddha d’or, sourit au-delà des innombrables colonnes de lumière, il règne un bonheur, une grandeur venant du temple étrange et colossal. Exilés, les oiseaux se précipitent dans la lumière, comme pris dans le filet invisible, ils se jettent dans un vol angoissé, ouvrant et refermant les tenailles de leurs cris, et secouant de leurs ailes le regard magnétique et venimeux de la verdure.
Car si Sarafian maîtrise indéniablement la littérature française, il la réinterprète avec le filtre du déracinement. Les figures littéraires convoquées sont celles de marginaux, de solitaires et de suicidés d’une société qui n’a pas su les accueillir. Elles prennent aussi un tour philosophique lorsque le mythe de Sisyphe souligne l’absurdité toute camusienne de la condition d’exilé, existant sans être rattaché à un sol et à une langue. Quelques vers du « Pont Mirabeau » orientent enfin la méditation du narrateur vers la tentation du suicide : les textes canoniques sont en réalité étrangéisés par cet exilé sans nom et sans visage, sans langue propre même, et faute de références qu’il aurait faites siennes, le narrateur inscrit dans la langue « maternelle » une littérature qui lui est radicalement étrangère pour mieux dire le déchirement définitif d’avec une terre où l’on ne peut pas revenir et un pays, la France, qui rend la différence plus patente encore :
J’aimais la foule, quelquefois. Dans la grande ville, de rue en rue, les soirs je me livrais au courant du fluide électrique émanant des milliers de corps. Je m’enivrais au bruit marin des innombrables pas. Mais peu à peu, au fil des ans, cette foule m’a jeté dans la solitude. J’ai reconnu la différence entre eux et moi. Et j’étais seul dans ma différence.
Le texte est alors saturé de contradictions, d’épiphanies saisissantes, si simples dans leur fragilité, presque naïves dans l’étonnement qu’elle produit chez le narrateur, et d’assommants découragements qui relancent paradoxalement l’errance :
Quel exil sur cette herbe lumineuse et chaude et tendre, où d’autres paisiblement sommeillent.
Le doute. Une radiographie de milliers d’ampères. Une pénétration terrifiante. Les illusions tombent au profond des chairs, aux recoins les plus extrêmes de l’âme. On voit les os et les plaies. Apparaissent toutes les vanités. Et je comprends qu’il y a un âge au-delà duquel vivre est la plus grande témérité.
Et plus loin, face à une beauté épuisante, insaisissable et qui dévore toutes les énergies, le narrateur personnifie davantage encore l’héautontimorouménos baudelairien :
Ma joie grandit jusqu’à la mélancolie. Je suis mélancolique pour toutes les beautés qui ne reviendront plus, pour ce qui s’abîme, pour les crépuscules passés, et pour le dernier crépuscule après lequel je ne reverrai ni ne ressentirai plus rien.
La désespérance est pour Sarafian autant un mode d’être que l’espoir sans foi. Ils coexistent tout deux autour d’une sagesse inédite, celle du doute, porteur de renouvellements et du refus des passions aliénantes. Le doute est ce qui caractérise ainsi un personnage exilé hésitant sans cesse entre la lucidité de l’être sans-terre et l’attrait pour la certitude d’un bonheur promis par le pays d’accueil. Il est à comprendre comme une sagesse faisant front contre tous les espoirs factices et les fois religieuses tramant les guerres en leur sein. Par un approfondissement douloureux de sa condition d’exilé, le narrateur jette un pont (« le pont du Sceptique ») entre ses tiraillements de sans-racines et la vertu du doute. Il est donc malcommode d’unifier le texte autour d’une unique interprétation, soit entièrement pessimiste, guidée par le souvenir des massacres des Arméniens perpétrés dans un ailleurs insaisissable, soit faussement heureuse. Le narrateur n’est pas non plus tout à fait dans la nostalgie de l’Arménie car il est bien conscient que sa terre natale ne l’accueillera pas plus que la France, lui qui a dû écrire son Bois de Vincennes comme si sa langue arménienne lui était étrangère et devait être réapprise. L’Arménie est ici moins un désir palpable qu’un horizon devenu poétique par l’acceptation d’une condition sans-retour : l’exil d’une terre qui n’existe plus, d’une terre qu’on n’a jamais pu vraiment connaître si ce n’est par ses légendes. Le Sarafian fictif s’incarne dans une posture mélancolique, parfois atrabilaire à la façon des Carnets du sous-sol de Dostoïevski. Quand la sérénité de l’enracinement n’advient pas, le narrateur en veut à la terre entière, en particulier, c’est inévitable, à ces femmes frivoles dont le corps échappe à la promesse d’une destinée commune. Il y a bien à la fin de la rêverie l’apaisement trouvé auprès de la femme aimée aux cheveux blancs, seule objection à la sensation d’arrachement :
Le calme après la tempête. Béni soit le soleil naissant. Bénie soit aussi la voix sacrée de la femme aux cheveux blancs qui souffre avec moi, celle qui, sincère et bonne, prononce mon nom chaque matin. Que serais-je devenu sans elle : elle m’est une patrie, une source d’espoir et d’énergie. Elle est aussi pure que la lumière du soleil qui vient des hauteurs, et aussi juste. Et ainsi je m’approche d’elle avec gratitude chaque matin. Mon désespoir grandit jusqu’à l’espoir et l’enthousiasme, devant toute cette scintillation.
Le Bois de Vincennes est magique.
Le Bois de Vincennes n’est plus ensorceleur jusqu’à l’inquiétude, mais magique. Avoir traversé des contrées imaginaires, surimposées à un bois réel métamorphosé, a permis de délimiter quelque peu la place du désespoir. Et plus encore, de lui insuffler quelque chose ressemblant à de la confiance, à un crédit nouveau fait à la réappartenance. Ce paradoxe rejoint ce que l’exilé hongrois Imre Kertész écrivait dans son journal-essai Un autre. Chronique d’une métamorphose (le titre est déjà un bel écho à ce que formulait l’exilé arménien) : « Je demande : peut-on croire en la désespérance ? Car moi, il me suffit de croire cela, et je ne suis pas désespéré. » Si énigmatique la formule soit-elle — Sarafian et Kertész semblent partager le même goût du paradoxe et de l’aphorisme —, elle permet néanmoins à l’exilé de continuer à vivre, de parier sur la vie : la consolation peut résider aussi dans la tristesse :
Mais l’audace embellit la vie. Au-delà des faux-semblants, au prix de l’isolement, de la souffrance et du rejet des autres. Mon désespoir augmente jusqu’à l’espérance et jusqu’à la fierté.
Tant que l’exil sera tourné vers un après et tirera du désespoir une force spirituelle, il interdira la plus complète résignation. La tonalité mélancolique se nuance ainsi de brutales épiphanies face à la beauté d’une nature qui s’offre sans l’arrière-pensée propre à l’humanité. C’est elle, la nature, qui souffre de ce que les hommes ne savent pas reléguer leurs croyances et leurs légendes dans le domaine de l’imaginaire, terreau de la littérature. Des pages magnifiques décrivent ainsi une faune et une flore en proie à la souffrance, plus humaines et bouleversantes que la parodie de communauté que raille fréquemment Sarafian. L’auteur porte en lui le souvenir des « cadavres nus et mouillés et les yeux ouverts, remonta[n]t de la gare de Rostov, un jour de bataille » ; il a aussi assisté aux bombardements de Paris qui ont effrayé les bêtes d’un zoo. La souffrance sans lieu, la souffrance minorée, méprisée, niée par les « vainqueurs » se retrouve dans les petits corps délicats des oiseaux et dans la nature figée de l’hiver. A l’exception des disparus, l’exilé est une victime qui a peut-être pris plus conscience que les autres d’un bouleversement des rapports humains. La nature transfigurée par la vision poétique, quasi prophétique par endroits — de nombreux « J’ai vu » rythment le texte —, rappelle ce que l’après du massacre et de la perte produit de dérèglements, trop vite ramenés à des hallucinations comme celles décrites par Sarafian. Perdue entre la nostalgie et la mélancolie, la tonalité de l’errance se teinte de surnaturel lorsqu’elle est face à une situation impossible à circonscrire, l’exil étant sans origine ni destination. Ce surnaturel a à voir avec le monde féérique ranimé par Sarafian, perdu entre deux langues, perdu entre deux âges. Fréquentes sont les allusions à l’entre-deux que constitue l’âge adulte :
Et l’homme qui regarde les nageurs et les bateaux qui glissent, voit en même temps une image ancienne, où, quand il était enfant, étranger, dans une petite ville, dans une école étrangère, il apprenait la langue étrangère, celle de sa patrie en esprit. (…) L’enfant est au bout de son rêve, et trente ans après, il est maintenant un homme qui revient cherchant sa trace vers les jours où ce rêve a pris naissance.
Si le narrateur se souvient bien d’une enfance, il n’est pas exclu qu’elle soit largement recréée une nouvelle fois par le crédit fait à une vie qui eut son cours brisé. Sarafian recherche moins son Arménie que son enfance chahutée par l’éminence des massacres et la fuite dans les années 1915-1917 avec son frère en Bessarabie et en Crimée. La prose est hypnotique par sa recherche constante d’une enfance à réinventer et à inscrire dans la langue poétique. Le désir d’enfance est conquête et appropriation de l’exil. Seule une enfance au contact avec la forêt des contes où l’on voit passer une cavalière un peu magicienne fera pousser la véritable terre d’exil, disposée dès lors à apprivoiser une langue maternelle devenue étrangère :
Que suis-je, moi, né au sein de plusieurs langues dont aucune ne m’est apparue comme étant la mienne, pas même ma langue maternelle à laquelle je suis revenu, après être devenu étranger à moi-même dans une école étrangère ? Que suis-je, moi qui condamne mon peuple, bien que mon jugement sur le monde soit déterminé par les souffrances de ce peuple que je place au-dessus de tous les autres ? Loin de lui, dans la solitude, j’en saisis pleinement le sens, j’en deviens le pèlerin, si bien qu’il m’est impossible d’utiliser une langue étrangère sans que j’en vienne à injurier ceux qui en sont les tenants et sans vouloir conserver à toute force ma personnalité ?
La douleur de l’être attaché à une terre qui l’a oublié le rapproche de la « croix penchée », de la « plante déracinée ». La seule manière de faire de la langue un tuteur stable est d’en réexploiter la force évocatoire, dans la lignée, certes hérétique ici, des poètes arméniens viscéralement liés à une terre surréelle, primitive dans ce qu’elle laisse entrevoir de légendes et de jachères à ensemencer. La promenade, semblable au « vagabondage d’une feuille d’arbre » esseulée, fera accéder à une forme de grâce dans la vision pénétrante d’un lieu utopique au-delà des frontières terrestres : dans une langue arménienne enchanteresse où le regard de l’exilé s’apaise au contact d’une nature qui dessine en miniature l’enfance et la communauté perdues.
Un tel parcours en devenir, marqué par l’incertitude du bonheur, rappelle celui de la peintre Emma, sorte de double de Zabel Essayan, dans Mon âme en exil (1922) : en retrait des massacres bien réels d’Adana (199), dont avait témoigné l’écrivain dans le terrible Dans les ruines, la petite communauté arménienne de Constantinople prolonge l’illusion d’une vie ramenée à l’art et à des tableaux inaboutis, déjà flous, comme brouillés par les larmes. Promise aux succès et à une relation amoureuse — pourtant jamais racontée, comme si elle n’effaçait pas la douleur —, Emma craint que ses peintures ne soient pas suffisamment perçues comme le miroir de son âme déchirée par le retour en une terre désormais étrangère :
Puis-je espérer que l’on verra tout ce que j’ai voulu mettre dans ce portrait, que l’on ne s’attardera pas aux traits hâtivement esquissés à dessein, que l’on pourra pressentir non pas la jeune femme, l’être charnel, mais le déchirement et le mal du pays qui ont toujours étreint mon âme ?
Son trouble ignore son coup de pinceau talentueux. Commentant ses tableaux, son maître lui disait pourtant : « Vous, Madame, c’est de la musique que vous créez au moyen des traits et des couleurs. » L’étrange mélancolie qui étreint ces figures d’exilés se nourrit d’une circulation entre les arts qui place ces textes à la croisée de la poésie et de la peinture mais aussi de la musique. Car circuler entre les allées d’un bois c’est aussi écouter les voix secrètes que l’autochtone n’entend plus et un « bruit du temps » qui colorera la prose d’une musicalité entêtante par son ambiguïté.
Nigoghos Sarafian, Le Bois de Vincennes, trad. Anahide Drézian, Parenthèses, coll. Arménies, 1993
Zabel Essayan, Mon âme en exil, trad. Anahide Drézian et Alice Der Vartanian, Parenthèses, coll. Diasporales, 2012