
Autobiographie
Je suis mort au premier coup et suis enterré
parmi les cailloux du champ.
Le corbeau a appris à mes parents
Que faire de moi.
Si ma famille est célèbre
le crédit m’en revient largement.
Mon frère inventa le meurtre,
mes parents le chagrin,
J’inventai le silence.
Après quoi ce furent les événements bien connus.
Nos inventions furent parfaites. D’une chose l’autre,
des ordres furent donnés. D’aucuns tuèrent à leur manière,
Pleurèrent à leur manière.
Je ne donnerai pas de noms
Au lecteur, par considération,
Car au début les détails horrifient
Bien qu’au final ils ennuient :
Vous pouvez mourir, une, deux, voire sept fois,
Vous ne pouvez mourir un millier de fois.
Moi si.
Mes cellules souterraines vont partout.
Quand Caïn commença d’essaimer à la face de la terre,
Je commençai d’essaimer dans le ventre de la terre,
et ma force est de longue date plus grande que la sienne.
Ses légions le désertent et me rallient
et ce n’est encore qu’une demi-vengeance.
Ein Leben [une vie]
Le mois qui la vit mourir,
Jeune femme coiffée d’une élégante permanente,
Se tint hésitante à la fenêtre, regardant au-dehors.
Sur la photo brunie.
De l’extérieur la contemple un nuage d’après-midi
Datant de l’année 1934, flou, mal centré,
Mais qui lui est toujours fidèle ; de l’intérieur
Je l’observe de mes presque quatre ans.
J’arrête ma balle,
Me glisse furtivement hors de la photo et je vieillis,
Je vieillis prudemment, sans bruit,
Afin de ne pas l’effrayer.
Écrit au crayon dans le wagon plombé
ici dans ce wagon
je suis ève
avec abel mon fils
si vous voyez mon autre fils
caïn fils de l’homme
dites-lui que je
merveilleux poemes